Une marée humaine pour dire non à la violence policière. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées aujourd'hui à Washington et à New York, notamment, pour une journée de colère. Le mouvement fait suite à la mort ces derniers mois de Noirs non armés tués par des policiers blancs qui n'ont pas été inculpés.
Dans la capitale, le cortège s'est mis en marche à midi et bloque Pennsylvania Avenue, entre la Maison-Blanche et le Capitole. Quelque 20 000 personnes ont participé à la manifestation, rapporte le correspondant de Radio-Canada à Washington, Christian Latreille.
Ce cortège comprenait des membres des familles d'Eric Garner et d'Akai Gurley, qui ont été tués récemment par des policiers new-yorkais, ainsi que de Michael Brown, tué par un agent à Ferguson, dans le Missouri. Des proches de Trayvon Martin, abattu par un surveillant de quartier volontaire en 2012 en Floride, étaient aussi présents.
Les manifestants ont défilé pacifiquement déployant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Nous marchons pour mettre fin au profilage racial », « Le racisme est la maladie ». D'autres slogans appelaient à l'arrestation des « policiers tueurs ».
Le reportage de Christian Latreille
Le leader des droits civiques le révérend Al Sharpton, dont l'organisation National Action Alliance avait lancé l'appel pour cette manifestation à Washington, exige du concret. Il veut que le Congrès adopte une loi qui permette aux procureurs fédéraux d'être saisis d'affaires impliquant des policiers.
« Il ne suffit pas de parler, il faut des mesures législatives qui changeront les choses à la fois dans les textes et sur le terrain. » — Le révérend Al Sharpton de l'organisation National Action Alliance
La responsabilité des enquêtes est actuellement dévolue aux procureurs locaux, qui collaborent régulièrement avec les policiers et doivent ensuite parfois enquêter sur les mêmes policiers, ce qui crée des conflits d'intérêts, estime-t-il.
Des politiciens réclament aussi une meilleure formation des policiers et des changements au processus décisionnel des « grands jurys ».
« Ce n'est pas une marche des Noirs contre les Blancs [...] C'est une marche américaine pour les droits des citoyens américains », a tenu à préciser le révérend Al Sharpton.
Des milliers de personnes ont aussi manifesté à New York et à Boston.
La discrimination et l'impunité dénoncées
Ces dernières semaines, des manifestations, dont certaines ont tourné à l'émeute, ont eu lieu dans plusieurs villes du pays. Ces événements ont fait resurgir la fracture raciale aux États-Unis.
Des milliers de citoyens américains, de toutes origines, s'insurgent contre la décision d'un grand jury de ne pas poursuivre un policier blanc responsable de la mort d'un père de famille noir, Eric Garner. Ce dernier est mort le 17 juillet dernier lors d'une intervention policière. L'homme de 43 ans, obèse et asthmatique, était soupçonné de revendre des cigarettes. Il a été plaqué au sol par plusieurs policiers et est mort à la suite de l'intervention. Aucune accusation n'a été portée contre les agents.
L'affaire d'Eric Garner n'est pas sans rappeler celle de Ferguson, où le jeune Noir Michael Brown a été abattu par un policier. Là aussi, un grand jury avait décidé de ne pas poursuivre le policier blanc, ce qui a provoqué des émeutes et des protestations contre l'usage excessif de la force policière.
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