Alors qu'au Canada, on rêve toujours d'un train à grande vitesse (TGV), en Chine, le réseau ferroviaire d'État a annoncé avoir accueilli son 220 000 000e passager entre Pékin et Shanghai cet été. Une donnée peu banale, surtout lorsque l'on sait que l'aventure du TGV a débuté il y a à peine six ans dans le pays.
En fait, la croissance du réseau a été tellement rapide que l'on compte 10 000 kilomètres de rails aujourd'hui en Chine et une centaine de gares dans autant de villes. Un réseau plus important que ceux de n'importe quel pays d'Europe, et même plus important que celui du Japon, l'inventeur du TGV.
Une histoire à succès, selon la Banque mondiale. D'ailleurs, peu importe le jour ou la destination, la cohue est toujours immense dans les gares. Des millions de personnes se massent dans de longues files pour acheter leur billet. L'attente peut parfois être de plus d'une heure et, lorsqu'on arrive au comptoir, il n'est pas rare de se faire dire qu'il ne reste plus de place dans le train que l'on compte prendre.
Avec une vitesse atteignant les 300 km/h, la « balle », comme on l'appelle dans le pays, relie Pékin et Shanghai (1318 km), l'équivalent de Montréal-Halifax, en un peu plus de 5 heures.
Il faut dire que le TGV est presque aussi rapide que l'avion et le prix du billet est deux fois moindre. L'engouement est d'ailleurs tellement grand pour le train que les passagers boudent maintenant les aéroports.
Les millions de déplacements en TGV expliqueraient en partie, selon la Banque mondiale, la croissance économique soutenue de la Chine, alors que d'autres pays émergents tournent au ralenti.
Le reportage d'Yvan Côté
Le développement extrêmement rapide s'est cependant fait à fort prix. Des millions de personnes ont été expropriées de force pour faire place aux voies ferrées. Un accident a fait 40 morts parce qu'on n'avait pas suffisamment testé les trains.
Et il y a les histoires de corruption. L'ancien ministre des voies ferroviaires, l'architecte de ce gigantesque projet, a empoché une dizaine de millions de dollars en pots-de-vin. L'affaire est venue ternir l'image du TGV, qui traîne une dette de 500 milliards de dollars.
Mais malgré les coûts, malgré les scandales, le réseau est loin d'être en péril. Le gouvernement est en voie de doubler le nombre de kilomètres de rails. Il veut aussi ajouter des destinations internationales, comme la Thaïlande.
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