La peur de l'Ebola fait plus mal que le virus

Written By Unknown on Jumat, 07 November 2014 | 14.18

Le reportage de Sophie Langlois

Les économies des trois pays touchés par l'Ebola s'effondrent, littéralement, depuis que la panique s'est emparée de la planète.

Cela fait 10 mois que les Guinéens combattent l'épidémie d'Ebola, dont sept premiers mois à lutter seuls face à l'ennemi, les mains nues. Mais le pire est venu en août quand les premiers Blancs ont été contaminés.

C'est à ce moment-là que la plupart des compagnies aériennes ont interrompu leurs liaisons avec les trois pays touchés : la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. C'est aussi en août que les pays frontaliers non touchés, le Sénégal, le Mali et la Côte d'Ivoire, ont fermé leurs frontières.

Selon un rapport de la Banque mondiale publiée le 7 octobre, l'État guinéen a perdu jusqu'ici 130 millions de dollars en revenus, ce qui a entraîné une baisse de son PIB de 2,2 %. Les pertes au Liberia atteignent 113 millions de dollars, une chute du PIB de 5,1 %.

Pour toute l'Afrique de l'Ouest, car l'ensemble des pays de la région souffre du stigmate de l'Ebola, la Banque mondiale estime que les pertes pour 2014 s'élèveront au mieux à 2,2 milliards de dollars, au pire à 7,4 milliards.

Cela risque fort d'être autour de 4 à 5 milliards de dollars, car le nombre de contaminations a continué de grimper depuis un mois. La hausse des contagions commence tout juste à ralentir; l'épidémie est encore loin d'être maîtrisée.

L'aversion des autres pays envers le virus

En Guinée, où nous étions il y a quelques semaines, dire que l'économie roule au ralenti est un euphémisme. Les entreprises dans presque tous les secteurs ont vu leurs chiffres d'affaires dégringoler, ce qui entraîne des mises à pied massives.

D'un côté, les familles encaissent des baisses de revenus, et de l'autre, une augmentation du coût de la vie due aux mesures sanitaires et aux hausses des prix de certaines denrées alimentaires. La fermeture des écoles, qui offrent habituellement un repas par jour aux élèves, crée aussi des problèmes. Les enfants qui traînent dans les rues sont une préoccupation énorme et des bouches de plus à nourrir.

Le rapport de la Banque mondiale indique que les impacts économiques de l'Ebola sont principalement engendrés par « l'attitude d'aversion des autres pays à l'égard du virus ». Pour les gens d'affaires guinéens que nous avons interviewés, la fermeture des frontières a fait plus mal que le virus lui-même.

« Beaucoup d'entreprises souffrent, nous dit Fatmé Chaloub, directrice de l'agence de voyages Tropika, parce qu'il n'y a pas d'échanges, et un pays ne peut pas vivre sans échange. »

Dans les hôtels, le taux d'occupation est passé de 80 à moins de 40 %. Mme Chaloub a une douzaine d'employés. Ils ont fait, depuis deux mois, plus d'annulations que de réservations. Elle n'en a pas licencié un seul encore.

« Je ne peux pas me débarrasser de ces gens comme ça; ce n'est pas possible. On est comme une famille, on est là depuis très longtemps, je connais les enfants de mes employés. Je ne peux pas leur dire : "à cause de problèmes financiers..." Non, j'essaie de tenir le coup. » — Fatmé Chaloub, directrice de l'agence de voyages Tropika

Mais l'agence Tropika, comme toutes les entreprises qui vivent du commerce extérieur, ne pourra pas tenir le coup longtemps.

Mohamed Abdallah Chérif, président du Groupe organisé des hommes d'affaires de Guinée, dirige une entreprise d'import-export de produits alimentaires. Avant la crise de l'Ebola, il vendait 10 000 sacs de farine par mois. Maintenant, il peine à en vendre 1000 par mois. « Si ça continue pendant quelque mois, c'est carrément des pertes totales pour les opérateurs économiques », dit-il.

« Ce que nous déplorons, c'est que les organisations internationales ne parlent que des pertes des États. Or, c'est nous qui faisons vivre les États, c'est le secteur privé qui paye les taxes. Il faut nous aider aussi. » — Mohamed Abdallah Chérif, homme d'affaires

Tous ceux qui vivent de l'agriculture, c'est-à-dire des millions de Guinéens, sont aussi frappés de plein fouet. Les fruits et les légumes qui ne sont pas vendus localement dans les marchés pourrissent dans les champs. La production de café a chuté de 50 %, celle de l'huile de palme, de 75 %.

Les activités minières au ralenti

Jusqu'en octobre, les mines du pays étaient peu touchées par l'Ebola, la plupart exploitant des minerais dans des régions jusqu'ici épargnées par le virus. Cela a changé quand des entreprises étrangères ont rapatrié leurs employés expatriés.

Rio Tinto Alcan est une des plus importantes minières en Guinée avec 3200 employés. L'entreprise canadienne a incité ses employés non guinéens à partir, il y a trois semaines, en leur disant que les assurances et les gouvernements ne pouvaient assurer leur évacuation médicale, en cas de besoin.

Les trois quarts des expatriés de Rio Tinto sont partis. « Il n'y a que le personnel essentiel, dit critique, qui est sur place actuellement », nous confirme le directeur général de Rio Tinto en Guinée, Ismaël Diakité.

Rio Tinto a ralenti le développement d'un gisement de fer en Guinée forestière, une région durement touchée par l'Ebola. Mais l'exploitation de bauxite n'est pas encore touchée : trois bateaux par semaine quittent la Guinée à destination du Québec. Pour éviter la propagation, les équipages des navires n'ont aucun contact avec les travailleurs qui font le chargement.


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