Quelle ampleur pour la menace terroriste au Canada?

Written By Unknown on Kamis, 23 Oktober 2014 | 14.18

Saisissants par leur enchaînement et par le profil de leurs auteurs présumés, l'attentat contre le symbole de la démocratie canadienne et l'attaque contre des militaires au Québec n'ont pas l'air d'un coup de tonnerre dans un ciel serein, de l'avis de nombreux observateurs.  

De Ahmed Ressam, le Montréalais d'origine algérienne qui planifiait de faire exploser l'aéroport de Los Angeles en 2000, à Michael Zehaf-Bibeau, le tireur abattu mercredi au parlement, en passant par Martin Couture-Rouleau, l'assaillant de Saint-Jean-sur-Richelieu, les choses ont visiblement bien changé au Canada. Sommes-nous devenus une cible privilégiée? Qui sont ces nouveaux visages du « djihad » et quelle est l'ampleur de la menace au pays?

Dave Charland, ex-agent au Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS), explique qu'il est très ardu de dresser le portrait du phénomène au pays. Il y a deux sortes de menaces, selon lui : la menace connue et la menace inconnue.

« Ce n'est pas parce qu'on a identifié 90 personnes [soupçonnées d'extrémisme] qu'il n'y en a pas davantage. Sans céder à la panique, c'est possible qu'il y ait encore des individus présentement qui pourraient constituer une menace et qui ne sont pas encore venus à l'attention des services de l'ordre », explique-t-il.

C'est connu, en matière de terrorisme, le casse-tête, pour les autorités, est d'identifier l'ennemi, de mesurer son envergure, avant de prendre les moyens pour l'anéantir. Mais, souligne Dave Charland, « il n'y a aucun moyen de savoir s'ils [les candidats au djihad] sont nombreux. Quand des individus agissent comme ça, seuls, ils ne vont pas nécessairement en faire part à leur entourage, à leurs amis. Ils n'ont pas nécessairement des complices ».

On les appelle les « loups solitaires », ces jeunes a priori sans attache organique avec des groupes terroristes, mais qui s'en inspirent et agissent pour les mêmes fins. Dans la plupart des cas, ils n'arborent pas les signes extérieurs d'une religiosité excessive. Ils peuvent avoir comme prénoms Michael et Martin.

Un lieu pour tenter de repérer ces extrémistes : le web. Le temps où les agents de renseignements écumaient les mosquées est manifestement révolu. « Le principal défi par rapport à l'identification de ces individus, c'est de scruter autant que possible les réseaux sociaux et de parler au plus grand nombre de gens possible », affirme l'ex-agent du SCRS, qui ajoute que c'est une lutte de tous les jours pour contrer les desseins terroristes.

Et les services de sécurité doivent, ajoute-t-il, s'adapter continuellement à l'évolution des extrémistes, à leurs nouveaux stratagèmes et à leurs moyens de communication.

Dave Charland estime qu'il faut vaincre la peur pour ne pas tomber dans le piège de ces terroristes, qui « veulent qu'on panique [...] que ça devienne maladif » au point de brimer les libertés, fondamentales en démocratie.

En somme, il y a un équilibre à trouver pour protéger les libertés des individus, tout en assurant leur sécurité.

Il faut aussi, de l'avis de l'ex-agent du SCRS, ne pas relâcher la vigilance et signaler aux autorités tout geste ou événement suspect.

Un impact certain

Ray Boisvert, ancien directeur général responsable du contre-terrorisme au SCRS, parle d'« un événement très important »qui ne sera pas sans conséquence sur les scènes nationale et internationale. « Quand on a un attentat de ce genre sur le parlement, la place la plus importante pour une démocratie, et dans une société qui était encore très ouverte relativement à d'autres pays au monde, souvent ces pays-là ont changé à la suite d'un événement pareil », dit-il.

« C'est certain qu'il y a un nombre de gens qui sont sur le radar des agences de sécurité. Ils font partie d'un grand nombre. Mais il y en a d'autres - et c'est souvent l'inquiétude des agences de sécurité - qu'on ne connaît pas, qui ne sont pas sur la liste. Les événements d'aujourd'hui seront peut-être liés à des gens qui étaient sur la liste et peut-être que non. Ça fait partie des questions.  » — Ray Boisvert, ancien directeur général responsable du contre-terrorisme au SCRS

Pour M. Boisvert, « il y a sûrement plus de potentiel de violence qui vient de groupes et d'individus aujourd'hui qu'il y a six mois et c'est toujours relié à des événements à l'étranger ».

Une ampleur relative

Janine Krieber, professeure au Collège militaire royale de Saint-Jean, ne pense pas que le phénomène terroriste prendra plus d'ampleur au pays. Elle y voit des événements sporadiques qui ne vont pas forcément s'inscrire dans la durée.

Pour elle, la menace terroriste est toujours présente, mais elle se garde d'évaluer son importance à défaut de données précises. Au demeurant, le terrorisme, dit-elle, c'est « l'économie des moyens », et son degré de nuisance ne se mesure pas forcément à l'aune du nombre de ses exécutants.

Invisible et insaisissable, l'ennemi terroriste n'est pas celui de la guerre conventionnelle, dont la soldatesque et l'arsenal sont quantifiables.

Mme Krieber n'aime pas parler de « jeunes loups », car ces candidats au terrorisme sont toujours liés à un groupe, selon elle, en termes d'appartenance et de communication. Qu'ils viennent de milieux insoupçonnés et aient des noms aux consonances locales, cela ne l'étonne pas non plus, la religion étant devenue, analyse-t-elle, « une idéologie d'explication » pour les jeunes en quête d'absolu. Le phénomène pourrait être symptomatique de « dérapage » ou de « marginalisation ».

L'engagement militaire canadien en question

La professeure au Collège militaire royal de Saint-Jean pense par ailleurs que l'émergence des actes terroristes au Canada n'est pas à dissocier de la politique étrangère d'Ottawa.

Un point de vue partagé par le journaliste et auteur Fabrice de Pierreboug, qui observe une poussée des rancunes envers le Canada en raison de son action ou de son inaction au Proche-Orient et au Moyen-Orient, notamment dans le conflit à Gaza et la guerre en Afghanistan, sans oublier le dernier engagement contre le groupe État islamique.

Quant à l'apparition au Canada de ces nouveaux combattants, l'auteur de Montréalistan : Enquête sur la mouvance islamiste explique leur radicalisation par ce qu'un autre expert appelle « le zèle des néophytes ». En clair, de nouveaux convertis, mus par un profond sentiment d'injustice, qui basculent dans la violence pour démontrer leur enthousiasme.

C'est ce que Fabrice de Pierrebourg décrit comme les « réseaux de la colère », dans lesquels se recrutent des jeunes qui trouvent dans l'extrémisme religieux le vecteur de leur ras-le-bol et l'expression de leur désir de réparation.


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