Le reportage de Martine Biron
Le premier ministre Philippe Couillard maintient le cap sur les mesures de resserrement des finances publiques, mais il se montre prudent sur certaines propositions du rapport Godbout-Montmarquette, notamment la vente d'actifs d'Hydro-Québec et de la Société des alcools.
« Ce n'est pas dans nos cartons à court terme », a indiqué M. Couillard, en marge d'une annonce d'une aide additionnelle de 42 millions de dollars cette année pour les travaux sylvicoles.
« On regarde actuellement les façons traditionnelles de resserrer les dépenses. Lorsqu'on va aborder les questions plus structurantes, ce sera par le biais d'une commission de révision », a-t-il ajouté, promettant un « dialogue social » avant d'entreprendre d'importantes coupes dans l'État.
M. Couillard compte créer une commission permanente de révision des programmes gouvernementaux. On ne sait pas quand elle sera créée, ni qui la dirigera, maisle premier ministre a précisé mardi que la population sera dans le processus de ménage de l'appareil public.
« Il y aura des révisions de programmes, mais je veux que ce soit entouré d'une ambiance où on a le temps d'avoir un dialogue social autour de ces questions, qu'on puisse interpeller la société. [...] Ce n'est pas vrai qu'on va aller de l'avant sur enjeux très sensibles sans avoir un minimum d'échanges avec la société civile », dit-il.
Le gouvernement doit dégager 4 milliards de dollars au cours de la prochaine année. M. Couillard dit vouloir « défaire le Québec de ses chaînes », notamment celles de l'endettement et du taux élevé de dépenses publiques par rapport aux revenus de l'État.
Le premier ministre insiste : il aura le courage de mener à terme des mesures qui ne feront pas l'unanimité, comme le gel des embauches dans la fonction publique. Aux syndicats qui fourbissent les armes, M. Couillard estime que « c'est de bonne guerre » et affirme qu'il aura des débats.
Sur la hausse des tarifs des CPE, qu'il a promis d'annuler en campagne électorale, il compte tenir parole. Il s'engage à indexer les frais au coût de la vie.
« Je veux maintenir le fardeau fiscal des Québécois où il est maintenant et surtout épargner les familles de classe moyenne et à bas revenus », dit-il.
Le PLQ ne laissera pas tomber le programme gratuit de procréation assistée
Pour faire des économies, Philippe Couillard n'a toutefois pas l'intention d'abandonner le programme gratuit de procréation assistée. Un débat s'est ouvert sur ce programme la semaine dernière lorsque l'animateur Joël Legendre a révélé que lui et son conjoint en avaient bénéficié.
« Une fois qu'on a un programme de ce type-là, je ne pense pas que la population accepterait qu'on le retire. Il faut également mentionner qu'il y a des impacts positifs, notamment dans la diminution des grossesses multiples qui a des incidences sur les dépenses dans les soins néonataux ». Mais les critères d'admissibilité seront revus, dit-il.
Au final, ajoute-t-il, des choix douloureux sont inévitables. Des programmes gouvernementaux disparaîtront. Des annonces faites par le précédent gouvernement seront « modifiées ou révisées franchement ».
Quels programmes survivront? Quels programmes seront éliminés? Et combien? Le premier ministre ne s'engage pas sur cette voie, mais il prépare les consciences à un budget très dur en juin.
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