«Si j’étais le Bon Dieu, je ferais des choses différentes…» - Jean Lavallée

Written By Unknown on Jumat, 17 Januari 2014 | 14.18

Le reportage de Catherine Kovacs

Au centre de multiples allégations, Jean Lavallée a défendu avec vigueur son bilan à la FTQ et au Fonds de solidarité, attaquant sans ménagement la version des faits présentée par l'ex-PDG de la SOLIM Guy Gionet.

Un texte de Bernard Leduc et François Messier

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« J'aime la FTQ, j'aime le Fonds, j'aime SOLIM, j'ai pas fait ça pour mon pouvoir personnel », a insisté Jean Lavallée pour expliquer son long parcours syndical. « Qu'on me prenne pour le Bon Dieu, j'ai trouvé ça assez raide : si j'étais le Bon Dieu, je ferais des choses différentes... », a-t-il lancé, visiblement choqué par les propos de Guy Gionet, sans cependant préciser ce qu'il aurait fait différemment.

« On a tellement essuyé ses pieds sur moi dans cette commission là », a déploré l'ancien président de la FTQ-Construction. « C'est pas vrai que j'ai essayé de runner ça et de faire mes quatre volontés. Tout le monde avait peur, à les écouter parler. Peur de qui ? On ne me connaît pas pour dire ça. Je suis pas quelqu'un qui force. J'ai toujours aidé le monde dans le but de faire avancer le mouvement, pas dans le but de me faire un pouvoir politique, jamais ».

« Je suis pas venu ici pour baver sur personne, je suis ici pour défendre le mouvement syndical, le Fonds de solidarité, la FTQ-Construction et tous les travailleurs. » — Jean Lavallée

Lavallée s'attaque à la version de Gionet

M. Lavallée s'est efforcé de contredire la version des faits présentée depuis trois jours par l'ancien PDG de la SOLIM, Guy Gionet, qui s'est décrit comme son subordonné.

« Il se considérait comme mon supérieur immédiat et je devais répondre à ses instructions », avait soutenu M. Gionet, soulignant à grands traits l'énorme ascendant qu'avaient sur lui tant le président du C. A. Jean Lavallée que son ami, l'entrepreneur Tony Accurso.

Mais M. Lavallée a répliqué que son rôle à la SOLIM se serait limité, du moins dans sa relation avec M. Gionet, à lui offrir « assistance ». « J'avais pas de directive à donner là, contrairement à ce qui s'est dit », a soutenu l'ancien syndicaliste, qui insiste : c'est le PDG « qui était le boss de SOLIM ».

« C'est pas Jean Lavallée qui pouvait runner la SOLIM. » — Jean Lavallée

Il a précisé qu'à la SOLIM, c'est Guy Gionet qui préparait les dossiers et que, n'étant pas spécialiste des questions financières, il se fiait à son expertise.

« C'est très rare qu'on a voté contre des résolutions que Guy a amenées à cause qu'il nous arrivait avec de quoi qui se tenait debout. C'est pas moi qui amenait ça : moi j'étais là pour appuyer Guy, je l'ai toujours appuyé. » — Jean Lavallée sur Guy Gionet

Lors de son témoignage, M. Gionet avait cependant soutenu que Jean Lavallée lui apportait souvent en main propre des dossiers qui, selon lui, pouvaient intéresser l'institution, dont ceux de Denis Vincent.

Il a ajouté qu'il informait M. Lavallée des dossiers soumis à la SOLIM avant les autres membres du C. A.

Un long parcours au service des syndiqués

M. Lavallée a d'abord commencé son témoignage par la lecture de sa biographie professionnelle, déjà bien médiatisée.

L'homme, maintenant âgé de 73 ans, a commencé sa carrière syndicale comme délégué syndical dans des chantiers de la région de Sorel. Électricien de formation, il a par la suite participé à la création, en 1972, de la FIPOE, un syndicat d'électriciens qu'il a dirigé de 1977 à 2010. La FIPOE, affilié à la FTQ-Construction, regroupe quelque 15 000 syndiqués.

Il a aussi été président (et fondateur, avec Louis Laberge) de la FTQ-Construction de 1981 à 2008, vice-président de la FTQ de 1979 à 2008, a siégé au C.A. du Fonds de solidarité de 1988 à 2009 et a présidé le C.A. de la SOLIM du milieu des années 1990 à 2009. Il a aussi siégé au C.A. de la CSST de 1980 à 2009.

M. Lavallée a notamment soutenu avoir décidé en 2008 de ne pas solliciter un nouveau mandat à la FTQ-Construction en raison de son état de santé. Selon plusieurs témoins entendus à la commission, ainsi que des écoutes électroniques, Jean Lavallée s'était cependant opposé, par candidats interposés, à Jocelyn Dupuis aux élections de novembre 2008.

Jean Lavallée a précisé que ni lui ni ses collègues n'étaient rémunérés pour les postes élus à la FTQ et la FTQ-Construction, ou encore lorsqu'ils siégeaient au C.A du Fonds ou de la SOLIM. C'est le local syndical, et donc dans son cas la FIPOE, qui lui payait un salaire, qu'il évalue, vers la fin, entre 115 000 $ et 120 000 $.

Il a aussi participé à la création du fonds de formation de la main-d'oeuvre pour l'industrie de la construction, au tournant des années 1980, qui gère maintenant quelque 150 millions de dollars.

M. Lavallée a confirmé avoir été très proche de Louis Laberge, qui a été président de la FTQ de 1964 à 1991 et président fondateur du Fonds de solidarité en 1983.

« C'est un ami très près de moi, un ami très proche. Il m'a montré énormément de choses. » — Jean Lavallée sur Louis Laberge

« C'est pas moi qui l'a créé », le Fonds, a-t-il précisé, ajoutant avoir été cependant un des premiers à y investir de l'argent, soit 1500 $. M. Laberge, précise-t-il, lui en avait cependant souvent parlé avant sa mise sur pied.

Il a ajouté que Louis Laberge a longtemps insisté pour qu'il vienne siéger au Fonds, et qu'il cédera finalement en 1988. Il affirme n'avoir pas non plus cherché à prendre la tête de la SOLIM. « J'étais pas nécessairement intéressé mais quand on me l'a offert, j'ai oui ».

Son avocat a souligné l'état de santé précaire de l'homme de 73 ans. La commission a accepté le fait que cet état pourrait entraîner un plus grand nombre de pauses durant les audiences. L'homme s'exprime d'ailleurs avec un certaine lenteur et paraît essouflé.

De nombreuses questions...

Jean « Johnny » Lavallée a été décrit comme le « roi », voire le « dieu » de la FTQ et du Fonds de solidarité FTQ par l'ex-PDG de la SOLIM, Guy Gionet. Il devra répondre au cours des prochains jours à de nombreuses questions sur son rôle dans les nombreux dossiers d'investissement impliquant des individus au passé criminel.

L'homme de 73 ans s'annonce comme le plat de résistance des travaux de la commission consacrés à l'infiltration du crime organisé dans l'industrie de la construction, entrepris en septembre dernier.

M. Gionet affirme notamment que Jean Lavallée a défendu au Fonds plusieurs des dossiers que le PDG du Fonds, Yvon Bolduc, qualifiera plus tard de « toxiques ».

Jean Lavallée a fondé et dirigé la Fédération interprovinciale des ouvriers en électricité (FIPOE), poste à partir duquel il a accédé à celui de président de la FTQ-Construction.

Ces fonctions au sein du syndicat lui ont permis de devenir membre des conseils d'administration du Fonds et de son bras immobilier (ex-SOLIM), où il aurait fait la pluie et le beau temps, notamment au profit de l'entrepreneur Tony Accurso, son « ami intime », selon le témoignage de M. Gionet.

Il a déjà été établi bien avant le début des travaux de la commission que Jean Lavallée a séjourné à plus d'une reprise sur le bateau de Tony Accurso, et qu'il faisait des cures d'amaigrissement en Allemagne avec lui.

L'enquêteur de la commission Michel Comeau a affirmé en novembre que Jean Lavallée était au coeur d'une « filière » comprenant non seulement M. Accurso, mais aussi Denis Vincent, une relation des Hells Angels, qu'il a assimilé à un « courtier fantôme ».

Le promoteur Laurent Gaudreau a par exemple soutenu que Denis Vincent lui avait réclamé « 250 000 $ pour Johnny » pour que son projet récréotouristique, dans lequel la SOLIM était partenaire, aille de l'avant.

M. Comeau avait aussi décrit M. Gionet comme un « exécutant » au service de cette filière, et le témoignage qu'a livré l'ex-PDG de la SOLIM devant la commission accrédite cette thèse.

M. Gionet a abondamment décrit depuis le début de la semaine comment Jean Lavallée se positionnait clairement comme son patron, et qu'il était inutile de lui tenir tête - hormis pour les questions de rendement - sous peine d'être contraint de se chercher un nouvel emploi.

M. Gionet a aussi expliqué lundi qu'il présentait tous les dossiers d'investissements de la SOLIM à M. Lavallée avant de les soumettre aux autres membres du conseil d'administration, dans des réunions ayant lieu la plupart du temps dans les locaux de la FIPOE, ou au Tops ou à l'Onyx, deux restaurants de Laval qui appartenaient à Tony Accurso. Le syndicaliste et l'entrepreneur, a-t-il dit, « c'était relativement la même voix ».

L'ex-PDG de la SOLIM a aussi décrit comment il a été contraint d'accepter que la FIPOE investisse dans des projets de la SOLIM, privant la société d'investissements de certains profits au passage.

Il a aussi expliqué comment Jean Lavallée faisait peu de cas du passé criminel de certains partenaires du Fonds et qu'il n'avait pas retenu sa proposition de faire des enquêtes plus approfondies sur certains d'entre eux.


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