L'Afrique du Sud se prépare pour les funérailles de Mandela

Le compte rendu de Sophie Langlois

L'Afrique du Sud se prépare à accueillir les nombreux dirigeants internationaux qui assisteront aux funérailles de Nelson Mandela alors que des milliers de personnes continuent de se rassembler à divers endroits dans le pays afin de rendre hommage au héros de la lutte contre l'apartheid.

À la résidence de M. Mandela, à Johannesburg, une centaine de personnes, toutes races confondues, se sont réunies de nouveau, samedi, afin de célébrer la mémoire de l'ancien président sud-africain. Des enfants dansaient et chantaient dans la foule alors que des marchands ambulants vendaient des souvenirs à l'effigie du leader emblématique. Dineo Matjila était venu se recueillir près de la maison de M. Mandela, en compagnie de sa fille. « Heureusement, ma fille aujourd'hui va à l'école avec des Noirs, des Blancs, des Métis, des Indiens, tous ensemble, ce qui était impensable sous l'apartheid », a confié Dineo Matjila à l'Agence France-Presse.

Contrastant avec la paranoïa sécuritaire dans un pays au taux de criminalité particulièrement élevé, les Sud-Africains n'ont pas hésité à converger vers les lieux emblématiques du pays comme le siège du gouvernement, celui de la fondation Mandela ou l'ancienne maison de M. Mandela, à Soweto. 

Pour la première fois depuis la mort de Nelson Mandela, la famille de ce dernier s'est publiquement exprimée, par l'intermédiaire d'un porte-parole. « Nous avons perdu un grand homme [...] un chef de famille attentif qui avait du temps pour tous et qui, à ce titre, sera vivement regretté. Un grand fils de la terre des Thembus qui avait du temps pour les rois et les reines, les pauvres et les riches, le grand et le petit », a souligné le général Temba Matanzima, porte-parole de la famille Mandela. « Pour notre famille, sa présence était comme un baobab pourvoyant une ombre réconfortante nous apportant sécurité et protection », a-t-il ajouté.

Pour écouter le reportage d'Anyck Béraud sur votre appareil mobile, cliquez ici.

Les funérailles de M. Mandela s'annoncent planétaires : des dirigeants du monde entier ont déjà confirmé leur présence aux obsèques officielles qui se dérouleront mardi.

Parmi les dirigeants ayant déjà annoncé leur présence aux obsèques de Nelson Mandela, qui est décédé chez lui jeudi à l'âge de 95 ans, figurent le président américain, Barack Obama, et ses deux prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton. La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, comptera également parmi les invités, de même que le président palestinien Mahmoud Abbas.

• Le premier ministre canadien Stephen Harper se rendra aussi en Afrique du Sud, accompagné des anciens premiers ministres Jean Chrétien, Kim Campbell et Brian Mulroney. Consultez notre article ici.

Le programme des cérémonies prévues pour rendre hommage à Nelson Mandela :

• Dimanche 8 décembre - Journée nationale de prières et de réflexion consacrée à la vie et à l'héritage de Nelson Mandela
• Mardi 10 décembre - Cérémonie commémorative au Soccer City Stadium de Johannesburg, en présence de chefs d'État et de gouvernement étrangers
• Du mercredi 11 au vendredi 13 décembre - La dépouille de Nelson Mandela sera exposée pendant trois jours dans un cercueil ouvert au siège du gouvernement sud-africain à Pretoria, les Union Buildings. Chaque jour, le cercueil sera amené aux Union Buildings en provenance d'un hôpital militaire. Le gouvernement invite la population à se rassembler sur le bord de la route pour former une haie d'honneur au passage du cortège
• Dimanche 15 décembre - Les funérailles nationales et l'enterrement de M. Mandela se tiendront à Qunu, un village situé dans une région rurale de l'est du pays, berceau du clan Mandela

Gaffe du premier ministre tchèque

Le premier ministre sortant de la République tchèque, Jiri Rusnok, a confié qu'il espérait échapper aux funérailles de Nelson Mandela la semaine prochaine, lors d'une conversation privée enregistrée par les microphones du parlement. S'adressant vendredi au ministre de la Défense, Vlastimil Picek, son voisin sur les bancs du Parlement, M. Rusnok a lâché : « J'espère que le président ira à ma place. L'idée d'y aller me donne des frissons ». M. Rusnok s'est par la suite excusé pour ses propos.

Le gouvernement promet des funérailles historiques

L'armée a rappelé du personnel en congé, en renfort logistique. Au nom de tous les Sud-Africains, le ministre à la présidence, Collins Chabane, a salué « la générosité, la gentillesse et la chaleur avec laquelle des millions de gens ont réagi à l'annonce du décès » de Mandela et promis des « funérailles d'État historiques et sans précédent ».

Il a tenu ces propos alors qu'un sentiment de désenchantement règne dans le pays où s'exerce la pression de ceux qui réclament davantage pour la majorité noire que le droit de vote obtenu en 1994, à savoir des emplois, des logements et une école publique de meilleure qualité.

Les hommages à Nelson Mandela se sont ainsi multipliés, soulignant le rôle du leader dans la transition démocratique de son pays. Mais certains ont voulu remettre en contexte les années d'apartheid, qui furent une période marquée par la violence.

« Quand on parle du miracle sud-africain, beaucoup de gens confondent la conclusion et la lutte elle-même. Ce fut 30 ans de violences de l'apartheid contre lesquelles nous avons répondu. Ceux qui parlent de transition non violente se trompent d'analyse », a dit à l'AFP Tokyo Sexwale, un ancien chef de file de l'ANC.

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