Maria Mourani réfléchit à son avenir au sein du mouvement indépendantiste

Written By Unknown on Sabtu, 14 September 2013 | 14.18

Le reportage de Daniel Thibeault

La députée fédérale Maria Mourani quitte le Bloc québécois et siégera comme indépendante jusqu'à la fin de son mandat. Elle rompt ainsi tous les ponts avec le BQ et remet en question son implication au sein du mouvement souverainiste.

Malgré son expulsion du caucus du parti, le chef du BQ, Daniel Paillé, lui avait offert de conserver sa place au sein du parti en lui permettant d'exprimer ses idées à titre de militante. Elle a toutefois choisi de rompre complètement en quittant officiellement le parti.

La députée Mourani impute son expulsion du caucus du BQ à une « stratégie politique identitaire ». Mme Mourani, qui soutient avoir reçu l'appui d'une majorité de citoyens, est déçue du changement de position du BQ à ce sujet. Elle s'interroge sur ce changement qui « s'est fait en vase clos ».

Catholique maronite, Mme Mourani refuse de cautionner la politique identitaire mise de l'avant par le Parti québécois. Mme Mourani croit que cette politique illustre les tensions au sein du mouvement indépendantiste québécois. Elle soutient que la majorité des indépendantistes avaient jusque-là réussi à tenir en échec « l'intolérance populiste », mais que ce ne semble plus être le cas.

Maria Mourani appuie, par ailleurs, le projet d'encadrement des accommodements religieux du ministre Bernard Drainville.

Libanaise d'origine, Mme Mourani souligne que sa famille a choisi de s'établir au Québec plutôt qu'en France en raison de l'ouverture de la société québécoise. Elle déplore que le Québec s'aligne maintenant sur la politique française qui a conduit, selon elle, à une catastrophe sur le plan de l'intégration des immigrants.

« Est-ce que j'ai encore ma place dans ce mouvement indépendantiste là? Est-ce que les gens comme moi un peu, qui viennent d'ailleurs, qui s'intègrent au Québec, qui deviennent des citoyens à part entière, ont leur place dans le mouvement indépendantiste? Je n'ai pas de réponse. » — Maria Mourani

Mme Mourani estime que cette « mauvaise stratégie » sera néfaste pour le mouvement indépendantiste à long terme. Elle souligne la peur de l'indépendance des communautés culturelles, une peur qui est maintenant exacerbée par le projet de charte du gouvernement Marois. Elle prévient les dirigeants du mouvement qu'ils ne réussiront pas à faire l'indépendance sans rallier la grande région de Montréal derrière leur projet.

Députée fédérale d'Ahuntsic, Maria Mourani a été expulsée du caucus bloquiste à la suite de ses critiques du projet de Charte des valeurs québécoises du gouvernement de Pauline Marois. Elle a notamment utilisé l'expression « nationalisme ethnique » en parlant des propositions péquistes, ce que ses anciens collègues lui reprochent, de même que d'avoir rejeté le projet sans même en avoir discuté.

Mme Mourani a lu un poème de Gilles Vigneault, dont voici un extrait, avant de procéder à son allocution :

« À tous les hommes de la Terre, ma maison c'est votre maison. Entre mes quatre murs de glace, je mets mon temps et mon espace à préparer le feu, la place pour les humains de l'horizon. Et, les humains sont de ma race. »

Le malaise est palpable au sein de la famille souverainiste. « Qu'elle soit expulsée du Bloc québécois, dans des conditions sommaires... Il y aurait pu y avoir une discussion plus profonde », a dit l'ancien premier ministre péquiste, Bernard Landry. « Je crois que c'est un dommage collatéral important de l'actuel débat. »

« Imaginez une loi où, dans certains cas, on oblige les fonctionnaires à enlever leurs signes religieux, [mais] les députés peuvent les garder », a pour sa part affirmé Lisette Lapointe, l'ancienne députée péquiste de Crémazie, un secteur de Montréal compris dans la circonscription fédérale d'Ahuntsic, que représente Maria Mourani.

La fin pour Daniel Paillé?

De son côté, l'ancienne députée du Bloc québécois Suzanne Tremblay déplore la décision du chef Daniel Paillé d'exclure Maria Mourani du parti. « Elle ne faisait qu'exprimer la position du Bloc sur la question », soutient Mme Tremblay. « Les instances du parti ne se sont pas prononcées sur un changement de position, donc, la position [du Bloc] demeure celle qui existait et celle que Mme Mourani a expliquée ».

Mme Tremblay reproche à M. Paillé d'avoir modifié unilatéralement la position du BQ. Elle s'interroge, tout comme Mme Mourani, sur une possible intervention du gouvernement québécois auprès de M. Paillé dans le but d'obtenir l'appui du parti fédéral. « Maintenant, si M. Paillé est devenu un vassal de Québec, c'est une autre chose », tonne Mme Tremblay. « Mais le Bloc avait toujours la prétention de ne pas être une succursale de Québec. »

L'ancienne députée ne croit pas à un retour de Mme Mourani avec le BQ. « Je pense qu'il est trop tard pour M. Paillé. Il ne sera jamais capable de rattraper cette chose-là. C'est rendu trop loin. Elle [Mme Mourani] a exprimé clairement ses idées, elle sait où elle va, elle sait ce qu'elle fait, elle sait ce qu'elle pense et elle sait pourquoi elle le pense [...] Je ne vois pas comment M. Paillé pourrait la récupérer. »

Elle prédit plutôt la fin de l'ère Paillé à la tête du parti. « Ça pourrait plutôt entraîner la démission de M. Paillé que la réinsertion de Mme Mourani au sein du BQ », conclut-elle.

Le reste des milieux souverainistes est demeuré prudent à la suite de la démission de Mme Mourani. La première ministre Marois a quant à elle refusé de commenter la décision du chef du Bloc d'expulser Mme Mourani. Elle a toutefois réitéré sa conviction envers la pertinence du projet de charte.

Le ministre québécois de la Culture et des Communications, Maka Kotto, a également refusé de s'aventurer à commenter la décision de M. Paillé. Il a plutôt relativisé les réactions épidermiques suscitées par la charte : « C'est normal, les questions qui touchent à l'identitaire génèrent toujours des passions, a-t-il déclaré. J'ai bon espoir que les gens reviennent très rapidement à la raison et qu'ils lisent la proposition qui est sur leur table. »

De son côté, l'ancien premier ministre du Québec et ancien chef du BQ, Lucien Bouchard, s'est abstenu de tout commentaire.

Le caucus bloquiste unanime

Mme Mourani a refusé à deux reprises de se plier aux demandes du chef de son parti, Daniel Paillé, avant d'être expulsée du caucus, affirme son ex-collègue à Ottawa, le député de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, Jean-François Fortin.

M. Paillé a demandé à Mme Mourani de se retirer du poste de porte-parole d'un mouvement de contestation contre la Charte des valeurs québécoises - le collectif des Indépendantistes pour une laïcité inclusive - ou de le faire à titre de simple citoyenne québécoise, et non à titre de députée fédérale.

Devant les refus de Mme Mourani, M. Paillé a consulté les députés du parti, qui ont tous appuyé sa décision, a expliqué le député du BQ Jean-François Fortin en entrevue à l'émission C'est pas trop tôt d'ICI Radio-Canada Première. « C'est dommage de perdre un député, c'est toujours une perte importante d'autant plus que Maria était appréciée, confie M. Fortin. »

« Dans un caucus, on doit avoir une certaine forme de cohésion et un respect aussi pour nos collègues et pour les positions adoptées par notre parti. » — Jean-François Fortin

M. Fortin explique que le BQ a décidé d'appuyer la démarche du gouvernement du Québec dans le processus d'élaboration d'une Charte des valeurs québécoises. Le député avance qu'il y a place pour la dissidence, mais à l'intérieur d'un certain cadre.

L'ancien député du Bloc Pierre Paquette abonde dans le sens du député Fortin. Il précise que Mme Mourani se serait retrouvée dans une situation difficile pour défendre les intérêts du Québec si la charte était adoptée par le Parlement québécois.

« Daniel Paillé n'avait malheureusement pas le choix et je suis sûr que ce n'est pas son premier choix. Il aurait voulu, j'en suis convaincu, arriver à un compromis avec Maria Mourani, mais ça n'a pas été possible. » — Pierre Paquette

Enfin, le député Louis Plamondon a affirmé à l'émission Le 15-18 que Maria Mourani n'était « pas la seule porte-parole pour les ethnies » au Bloc québécois.


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