Le reportage de Louis-Philippe Ouimet
Les forces de l'ordre égyptiennes sont intervenues samedi pour déloger des partisans du président destitué par l'armée Mohamed Morsi de la mosquée Al-Fateh dans le quartier de Ramsès au Caire. L'opération s'est déroulée dans un climat de tension extrême au quatrième jour de violences, qui ont fait plus de 750 morts à travers le pays.
En après-midi, l'envoyé spécial de la radio de Radio-Canada au Caire, Akli Aït Abdallah a rapporté des échanges de coups de feu entre la police et des tireurs visiblement embusqués dans le minaret de la mosquée Al-Fateh.
Après plusieurs heures, les policiers sont entrés dans le bâtiment qu'ils ont sécurisé. Les policiers disent avoir arrêté des centaines de partisans du président déchu Mohamed Morsi dans l'opération.
Des responsables de la sécurité ont indiqué que les forces de l'ordre avaient lancé l'assaut contre la mosquée de la place Ramsès par crainte que les Frères musulmans ne mettent sur pied un camp de protestataires similaire à ceux démantelés mercredi dans le sang, entraînant la mort de centaines de personnes.
Fuyant les affrontements de la place Ramsès, des partisans des Frères musulmans avaient trouvé refuge dans la mosquée vendredi soir.
Le compte rendu d'Akli Aït Abdallah, au Caire
Alors que la noirceur est tombée sur le Caire, samedi, et que le couvre-feu est en vigueur, Akli Aït Abdallah constate que la tension est un peu moins forte. Mais ce calme très précaire ne devrait être que de courte durée. « Si les tensions sont un peu retombées ce soir, la fracture, la brouille sont là pour durer [...] Il y a eu beaucoup trop de morts, beaucoup trop de sang [...] La tension remontera demain immanquablement. »
Le gouvernement a par ailleurs annoncé que les affrontements du « vendredi de la colère » ont fait au moins 173 morts, dont 95 dans la capitale.
Le pouvoir égyptien combat un « complot terroriste malveillant ourdi par les Frères musulmans », peut-on lire dans un communiqué rendu public par le cabinet du premier ministre, qui martèle ce message depuis mercredi.
« Quiconque, issu ou non des Frères musulmans, voulant rejoindre la marche pacifique des Égyptiens vers le futur est le bienvenu ». Cette déclaration émane de Moustapha Higazy, conseiller du président par intérim Adly Mansour.
M. Higazy, précise toutefois que cette invitation tient à une condition : n'avoir commis « aucun acte terroriste ».
Tamarod appuie les militaires
Mahmoud Badr, l'un des trois fondateurs du mouvement Tamarod, auquel on attribue un rôle important dans les manifestations qui ont conduit à la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, a ouvertement déclaré samedi son soutien à l'armée.
Le bilan de la répression contre le camp islamiste est le « prix élevé » à payer pour libérer l'Égypte de « l'organisation fasciste des Frères musulmans », estime Mahmoud Badr.
La dissolution des Frères musulmans à l'étude
En réponse à la crise, le premier ministre du gouvernement de transition égyptien, Hazem El Beblaoui, a proposé de dissoudre la confrérie des Frères musulmans.
Le porte-parole du gouvernement, Cherif Chaouki, a précisé que l'idée est déjà à l'étude. La proposition a été soumise au ministre des Affaires social, qui encadre les activités des organisations non gouvernementales.
Le frère du chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri a été arrêté samedi à Guizèh, dans la banlieue du Caire pour « soutien » au président islamiste destitué Mohamed Morsi, affirment des responsables des services de sécurité sous couvert de l'anonymat.
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