Exclusif - Bonne nouvelle pour les toxicomanes du Québec : le Collège des médecins a conclu une entente de principe avec les quatre facultés de médecine de la province pour que les finissants puissent prescrire plus facilement de la méthadone, un succédané de la morphine utilisé pour la désintoxication des toxicomanes.
À ce jour, au Québec, seulement 242 médecins peuvent prescrire ce médicament comme traitement à l'accoutumance. Pour ce faire, ils doivent suivre une formation complémentaire avant de demander un permis auprès de Santé Canada. Avec la mise en place du nouveau système, cette formation sera intégrée dans le cursus universitaire des étudiants en médecine. L'obtention du permis serait donc plus facile.
« On évalue que le besoin est au rendez-vous, donc il faut répondre à ce besoin-là, on est là pour ça : améliorer l'accessibilité pour les patients et la qualité des services », explique le Dr Charles Bernard, président du Collège des médecins du Québec.
« On s'est rendu compte que la demande est beaucoup plus grande que l'offre de service. On veut augmenter cette offre de service de la part des médecins et on pense que ça va passer par la formation. » — Dr Charles Bernard, président du Collège des médecins du Québec
Les problèmes de dépendance montent en flèche au Québec. Entre 2000 et 2010, la consommation d'opiacés (médicaments à base d'opium) prescrits a fait un bond spectaculaire de 182 %.
Le Collège des médecins a tenté d'inciter les médecins de famille à prescrire la méthadone. Devant leur réticence, il ciblera désormais les étudiants en médecine.
Guy Pierre Lévesque, directeur de l'organisme Méta d'Âme, qui fournit un logement et du soutien aux toxicomanes en traitement, attend de voir des résultats concrets avant de crier victoire.
« C'est dans la bonne direction, mais ça fait 15 ans qu'on leur demande ça, c'est ça qui est le problème », constate-t-il.
« C'est mon idéal. C'est notre rêve ici au CRAN [Centre de recherche et d'aide pour narcomanes] depuis des années », affirme pour sa part Dre Marie-Ève Goyer. Elle parle d'une pratique gratifiante, surtout quand elle permet à des patients de se soigner et de retourner sur le marché du travail.
Peu de ressources
Les cliniques spécialisées sont débordées. « C'est vraiment gênant de ne pas pouvoir offrir ça, alors que c'est un traitement si on le compare à plein d'autres, qui est peu dispendieux et très efficace », affirme Dre Marie-Ève Goyer, du CRAN.
Source : Centre de recherche et d'aide pour narcomanes
Après des années de toxicomanie, Stéphane Hamelin se réjouit d'avoir bénéficié de la méthadone qui lui permet enfin de fonctionner, lui qui peinait à exécuter des gestes simples du quotidien. « Dans mon cas à moi, ça a été un miracle », témoigne-t-il.
Pour s'en sortir, il a dû quitter Gatineau, où il n'arrivait pas à trouver de médecin. À Montréal, après un an d'attente, il a enfin obtenu de l'aide.
« Les médecins ont peur d'entrer dans ce monde-là. C'est juste ça », estime Stéphane Hamelin.
Un reportage de Benoît Giasson
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