Gilles Surprenant conclut son témoignage par des excuses

Written By Unknown on Jumat, 26 Oktober 2012 | 14.18

« Je voudrais simplement m'excuser auprès de la population et dire que je regrette sincèrement tout ce que j'ai fait. »

C'est par cette déclaration que l'ex-ingénieur de la Ville de Montréal Gilles Surprenant a conclu son témoignage-choc devant la commission Charbonneau.

M. Surprenant a tenu ces propos au terme d'un contre-interrogatoire de plus de quatre heures qui a surtout été marqué par des actes de contrition de sa part.

L'ex-ingénieur a notamment reconnu que les pots-de-vin de plus de 700 000 $ qu'il a reçus d'entrepreneurs membres d'un cartel des égouts constituaient un vol.

Contre-interrogé en début de journée par l'avocat de l'Équipe Tremblay - Union Montréal, Me Michel Dorval, Gilles Surprenant a notamment dit être « très repentant » de ses gestes, qui résultent d'une « grave erreur de jugement » de sa part.

« Je regrette amèrement tout ce qui s'est passé. Mes 10 dernières années à la Ville de Montréal ont été catastrophiques », a notamment dit Gilles Surprenant.

« Ça n'aurait jamais dû exister, je n'aurais pas dû accepter ces montants-là, je n'aurais jamais dû faire ça », a-t-il ajouté, avant de dire qu'il en avait tiré une leçon et qu'il avait pris la résolution d'agir honnêtement depuis six mois.

« Mes amis, mes enfants m'ont pardonné, mais je ne me pardonnerai jamais d'avoir fait ça. » — Gilles Surprenant

L'ex-ingénieur a aussi dit qu'il n'avait jamais eu de problèmes d'argent, de drogue ou de jeu compulsif, toutes choses qui auraient pu expliquer pourquoi il s'est laissé corrompre. Ses deux divorces, en 1982 et en 2001, ne l'avaient pas placé dans une situation financière difficile non plus.

Un interrogatoire serré

Cet acte de contrition n'a pas semblé attendrir l'avocat de la Ville de Montréal, Me Martin St-Jean, qui a fait subir au témoin un contre-interrogatoire musclé.

Me Saint-Jean a notamment suggéré à Gilles Surprenant qu'il avait agi par « pure cupidité », qu'il voulait obtenir des pots-de-vin et qu'il se complaisait dans cette opulence inattendue.

L'ingénieur à la retraite a fini par admettre que sa participation au système de collusion n'était pas entièrement imputable aux entrepreneurs et qu'il fallait « être deux pour danser » dans ce genre de situation.

« C'est sûr que ce n'est pas désagréable d'aller en voyage, d'aller jouer au golf et de recevoir des montants d'argent. Effectivement, je l'avoue. » — Gilles Surprenant

Gilles Surprenant a reconnu qu'il se doutait bien qu'il allait recevoir un pot-de-vin lorsque l'entrepreneur Frank Catania l'a convoqué à son bureau une première fois au terme d'un contrat accordé en 1988. Il avait finalement touché 4000 $ à cette occasion.

Il a aussi admis qu'il n'avait pas souhaité que le stratagème s'arrête avant 2000, même s'il avait reçu son premier pot-de-vin 12 ans plus tôt.

L'ex-ingénieur a aussi reconnu qu'il n'avait pas « réfléchi » avant de dire à la commissaire Charbonneau mercredi que ce n'était pas le rôle d'un « simple fonctionnaire » de dénoncer le tout à la police.

« Tout le monde prenait de l'argent autour de moi. Il y avait un système. J'étais mal placé pour appeler la police. » — Gilles Surprenant

Devant l'agressivité de l'avocat de la Ville, la commissaire Charbonneau a interrompu abruptement son contre-interrogatoire en fin de matinée.

« Monsieur a admis tous ses crimes. Il a admis avoir été corrompu. Il admet tout ce que vous lui demandez d'admettre et ça n'est pas son procès qu'on est en train de faire en ce moment. Vous avez beau frapper sur le témoin qui est là, ça n'avance pas plus », a-t-elle tranché.

Elle a invité l'avocat à recentrer ses questions sur l'administration municipale. Elle a ajourné la séance pour qu'il puisse y « réfléchir ». La séance a repris sans anicroche à 14 h.

La suite du contre-interrogatoire n'a pas permis d'apprendre grand-chose. Me St-Jean a tenté d'en apprendre davantage sur la responsabilité de deux supérieurs de Gilles Surprenant, Yves Themens et Robert Marcil. Le témoin n'a cependant rien dit de nouveau à ce sujet.

En fin de journée, le procureur de la commission Denis Gallant est cependant sorti de ses gonds lorsque Me St-Jean a demandé au témoin s'il comptait prendre « des engagements » envers la population montréalaise.

Me Gallant a allégué que l'avocat de la Ville tendait un piège au témoin et que sa question n'était pas légale. La commissaire Charbonneau a concédé qu'il revenait à la Ville, et non au témoin, de poser les gestes appropriés. Me St-Jean a retiré sa question.

Au casino cinq fois par semaine

L'avocat a ensuite cherché à obtenir des précisions sur les habitudes de jeu du témoin. Gilles Surprenant avait dit qu'il avait perdu 250 000 $ au casino et qu'il s'agissait là d'un moyen de redonner l'argent qu'il avait perçu illégalement.

Gilles Surprenant a dit qu'il pouvait se rendre seul au casino cinq fois par semaine dans les années 2000, que ce soit sur l'heure du midi ou après le travail. Il a estimé qu'il perdait « volontairement » de 700 $ à 800 $ dans les machines à sous.

« Vous n'aviez pas de tendinite », lui a lancé Me Saint-Jean, moqueur.

Gilles Surprenant a admis qu'il avait déjà gagné 1000 $ et qu'on lui avait remis un chèque. « Pour vous, c'était malheureux? », lui a demandé l'avocat. Gilles Surprenant a admis qu'il était « content ».

Union Montréal contre-interroge le témoin

Le contre-interrogatoire de Me Michel Dorval, mené en matinée, avait aussi permis de faire ressortir que Gilles Surprenant a vendu sa maison 1 $ à sa fille il y a quelques semaines, alors qu'elle vaut selon lui 350 000 $ sur le marché.

L'ex-ingénieur a démenti avoir agi de la sorte pour ne pas que sa résidence soit saisie.

L'ex-ingénieur a aussi admis qu'il n'était pas conscient du risque qu'il prenait en acceptant un premier pot-de-vin de Frank Catania.

« J'ai souvent pensé à ce qui pourrait se passer », a-t-il cependant admis. « Je savais qu'un jour il se passerait quelque chose ».

Le contre-interrogatoire de Me Dorval a aussi permis d'apprendre que le département pour lequel travaillait M. Surprenant n'avait aucun estimateur.

Le témoin a convenu que cela aurait été bénéfique, puisque cela aurait permis de faire « les mêmes estimations qu'un entrepreneur », c'est-à-dire en tenant compte de tous les paramètres, y compris les coûts de main-d'oeuvre.

Me Dorval a aussi fait ressortir que la Ville aurait pu utiliser une clause lui permettant de ne pas accorder le contrat au plus bas soumissionnaire conforme pour se protéger, mais qu'elle ne l'a pas fait.

Me Daniel Rochefort de l'Association de la construction du Québec a aussi contre-interrogé le témoin. Il lui a essentiellement posé des questions techniques sur le processus d'appels d'offres à la Ville.

Laval obtient le statut de participant

En lever de rideau, la commissaire France Charbonneau a accordé le statut de participant à la Ville de Laval. La participation de la Ville sera limitée aux questions relatives à l'octroi et la gestion de contrats publics à Laval.

Me Jean-François Longtin, qui représente l'administration du maire Gilles Vaillancourt, a présenté cette demande comme une réaction à des allusions d'irrégularité dans l'octroi et la gestion de contrats publics.

L'interrogatoire de M. Surprenant, qui était en cours depuis jeudi dernier, a ensuite été terminé en 30 minutes par le procureur en chef, Denis Gallant.

Des allégations choquantes

Gilles Surprenant a allégué au cours de son témoignage que la Direction des infrastructures de la Ville de Montréal était littéralement gangrénée par la corruption dans les années 2000.

Selon son témoignage, tout le monde était au courant que les prix des contrats publics étaient gonflés, parfois de 30 % à 35 %, mais personne n'a rien fait pour enrayer le phénomène.

Celui qui était responsable des plans et devis dans le domaine des canalisations à la Ville de Montréal a notamment affirmé qu'il avait ouvertement parlé des pratiques collusoires de certains entrepreneurs à ses supérieurs.

M. Surprenant était lui-même un joueur-clé du système. Son rôle consistait à gonfler la valeur des contrats au profit d'une dizaine d'entreprises.

Selon lui, les firmes Construction Garnier, Constructions Infrabec, Conex Construction routière, Construction Frank Catania et Associés, Construction Catcan, Mirabeau Construction, Bentech, Excavations Super, Construction A.T.A. et TGA Montréal faisaient partie de ce système de collusion.

M. Surprenant a incriminé au passage ses deux supérieurs, Yves Themens et Robert Marcil, qui étaient « au courant » de situations louches, mais sans jamais intervenir.

Il a aussi estimé que trois ingénieurs chargés de la surveillance des travaux à la Ville - Luc Leclerc, François Thériault et Michel Paquette - étaient aussi de mèche avec les collusionnaires.

Gilles Surprenant a également dit avoir été informé que le clan mafieux Rizzuto touchait 2,5 % de la valeur des contrats truqués, et que le comité exécutif de la Ville recevait une autre tranche de 3 %.

Il a aussi affirmé être allé jouer au golf à plusieurs reprises avec le parrain de la mafia, notamment en 1997 lors d'un voyage en République dominicaine organisé par Tony Conte, de Conex.

Relisez notre retranscription de la commission en direct :


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